C’est gourdin contre gourdin

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Ce qui est dommage, ces temps-ci, c’est que lorsque l’on a des convictions, on est aussitôt estampillé « sectaire ». C’est d’un pénible ! C’est coupant, surtout. L’on vitupère ça et là que le lien social ceci, que l’échange cela, et chacun dans son coin y participe dans ce qu’il y a de plus simple (et de plus compliqué c’est vrtai) : la relation humaine.
J’y vois notamment, nous sommes des cobayes, un effet « colatéral » de l’irruption des nouvelles technologies dans nos existences. Mimétisme. Devenons-nous des logiciels ?
On zappe, on SMS, on note, on clique j’aime j’aime pas.
 A fond la forme, rien que la forme, que les formes !
Je ne suis pas inquiet : je pense que ça se régulera. On apprend. On tombe dans le panneau. On en reviendra.
En attendant, il faut se cogner ces situations inconfortables et ces momenrs pénibles où le vide de pensée sort l’artillerie lourde pour canarder le contenu. Devenu suspect. Trop miroir, sans doute.
Voyez comme très vite, vos vôtres convictions sont estampillées certitudes par les vôtres interlocuteurs. Voyez comme très vite, vous vous retrouvez acculé et comme vous vous mettez à parler de ce dont vous ne parliez pas. Voyez comme le ton monte, ou redescend, selon que vous acceptez ou non la joute. On est revenu au temps des cavernes. Gourdin contre gourdin. Où est alors l’intelligence ? Sous quel rocher se cache-t-elle ? A quoi servent nos connaissances ? Dans quel arbre sont-elles allées se percher ? Quel est donc ton camp, donc, camarade ? Le votre interlocuteur continue son travail de sape. Il tue l’échange. Vous voilà devenu louche. Pire : « Militant ». Gauchiste s’il est de droite. Capitaliste s’il est de gauche. Connard en tout état de cause. Il vous regarde, drapé, et semble vous dire (merci Thiéfaine) : arrache-toi de là, tu fous du soleil sur mes pompes. Ton propos est alors déformé (au mieux), nié (au pire). Les conversations se privent de belles ressources ! Vous pouvez vous battre : c’est mort ! Le récepteur n’a pas l’oreille « objective » (si tenté est que l’objectivité existe). Alors vous battez retraite. Gardez vos opinions. C’est dommage. Le gourdin de l’autre vaut bien le vôtre, non ? Tout le monde connaît je pense le fameux « neuf raisons de louper une communication » (lire ci-dessous, si vous ne le connaissez pas, cadeau !).
Lisez-le. Et le prochain coup, au moins, laissez un peu de temps à la relation. Ecoutez l’autre, un peu. Ne jugez pas trop vite. Ne commentez pas trop abruptement. Parole de mélancologue !

Entre / Ce que je pense / Ce que je veux dire / Ce que je crois dire / Ce que je dis / Ce que vous avez envie d’entendre / Ce que vous croyez entendre / Ce que vous entendez / Ce que vous avez envie de comprendre / Ce que vous comprenez, Il y a neuf possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer. J’en rajoute deux qui font onze ; ce que vous voyez, ce que vous voulez voir. Si on rajoute des négations (pas dire, pas croire dire, pas entendre, pas croire entendre, pas comprendre, pas envie de comprendre), on est même à 17. 17 raisons de bichonner nos échanges.

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