Cette mémoire que l’on n’a pas

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Impossible. Impossible d’imaginer. Et de s’imaginer. Et pourtant tenter. La Marseillaise, ici, n’est pas un chant de stades.
Pourtant, c’est le silence qui flotte et avec lui un quelque chose d’autre qui enveloppe l’endroit. Ce n’est pas le drapeau d’un pays qui flotte, c’est le drapeau de la mémoire, d’une mémoire inconnue de moi, de celles dont on s’approche sur la pointe des pieds. Une mémoire qui dit comme la paix ne coule pas de source. Et plus encore comme la guerre est inhumaine.
C’est un dimanche de printemps.
Oiseaux, papillons, ciel bleu, calme campagne.
Un siècle s’est passé et ne passe pas.
Comment imaginer ?
Le soleil chauffe la nuque et plane un air d’hiver permanent.
Il y a un siècle, ici, tout n’était que fureur, d’après ce que j’ai pu lire. Aujourd’hui, rien qui ne dise la peur d’alors, les larmes, la morve, le sang, le bruit, les sifflements, la terre qui explose, les corps mutilés, la faim, le froid, la pluie, les odeurs. Les pluies plutôt : ici, une pluie de bombes s’est abattue.
Aujourd’hui, ce sont de jolis vallons.
Au fond, des marécages.
Les grenouilles sont muettes. Un bourdon passe par là.
La nature comme sanctuaire.  Le silence non comme oubli mais comme devoir de paix, obtenue à l’arrachée. Une paix qui fait mal, quand même.
Me voilà dans l’un de ces lieux où peu importe. Que l’on ferme les yeux ou qu’on les ouvre grands, c’est pareil. Un chien au loin dit la partie de chasse. A moins qu’il n’évoque l’ombre de la guerre.
Une pancarte, deux écriteaux, une croix. Un banc. Une tranchée comme reconstituée, aussi. On se met le nez à hauteur de feuilles. On hume cette part de soi que l’on ne connaît pas et que l’on porte.
La nature a repris ses droits, comme on dit.
Mais n’a pas rendu ces heures. Ni ces hommes. Ni ce carnage. On a recouvert de vert ces heures bleues, badigeonnant à la hâte puis avec patience de vert et de brun ce coin de pays.
Respect.

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